La génération des baby-boomers prend de l’âge et sera en grande partie à la retraite dans les dix prochaines années. A cette époque, la conciliation entre vie professionnelle et privée n’était pas encore aussi importante qu’aujourd’hui. Il y avait d’un côté le monde du travail, axé sur des postes à plein temps avec de longs horaires de travail et de bonnes opportunités de carrière et, de l’autre, la famille à laquelle se consacraient principalement les femmes. Les enfants étaient majoritairement gardés et élevés par leurs mères et grands-mères – des femmes qui travaillaient à temps partiel et subordonnaient complètement leurs opportunités de carrière au bonheur familial.

Les choses ont changé avec la génération suivante. Ces dernières années, la question de la conciliation entre profession et famille occupe le devant de la scène dans notre société. Car aujourd’hui, il faut souvent deux revenus pour faire vivre un ménage. De plus, la jeune génération souhaite aussi une division des tâches dans le couple – au moins pour l’éducation des enfants. Les femmes sont aussi bien formées – souvent mieux – que les hommes. Et elles ne comptent plus se retirer dans la sphère privée après la naissance d’un enfant.

Comme énormément de collaborateurs qualifiés partiront à la retraite ces dix prochaines années, une pénurie massive de main-d’œuvre professionnelle s’annonce déjà aujourd’hui. C’est pourquoi la question de la conciliation entre profession et vie privée a pris de l’importance dans le débat politico-économique. L’économie veut que les mères augmentent leur volume de travail. Elle ne peut plus renoncer à de la main-d’œuvre féminine bien formée.

CCT orientée vers l’avenir

La nouvelle CCT Swisscom est exemplaire dans la mesure où elle tient compte à plusieurs égards de l’évolution sociétale.

Avec la CCT, Swisscom s’engage pour l’égalité des chances et l’égalité. Une représentation appropriée des sexes, des langues et des cultures dans les organes est en outre prévue dans les organes ainsi que dans les teams de projet et les groupes de travail. Voilà donc un quota qui a trouvé un accès modeste dans la CCT. Une table ronde « de l’égalité » est organisée chaque année avec tous ceux qui s’occupent de ce thème. Les problèmes doivent y être évalués et des solutions discutées. Cette table ronde donne régulièrement aux syndicats la possibilité de thématiser la conciliation entre profession et famille et de proposer des solutions pragmatiques en cas de problèmes concrets. Swisscom a déjà prouvé qu’il prend au sérieux l’égalité en participant au Dialogue sur l’égalité des salaires. Aussi l’égalité des salaires figure-t-elle expressément dans la CCT. Dans ce domaine, il appartiendra à notre syndicat d’exiger un contrôle régulier et de thématiser la discrimination à l’embauche. L’introduction du salaire minimum général de 52 000 francs est une étape symbolique que l’initiative sur les salaires minimums de l’USS soutient.

Congé maternité prolongé

La nouvelle CCT Swisscom prévoit toutefois aussi une amélioration solide dans le domaine de la conciliation entre famille et profession. Ainsi, le congé maternité est prolongé à 17 semaines. En même temps, le congé paternel de 10 jours, qui existait déjà dans la CCT précédente, est maintenu. Nous aurions souhaité ici des étapes encore plus courageuses pour les jeunes familles, mais ces acquis représentent ce que le paysage conventionnel suisse a de mieux à offrir actuellement. Avec l’introduction d’un compte à long terme, les collaborateurs de Swisscom pourront transférer leurs heures supplémentaires accumulées sur un compte horaire flexible vers un compte-temps temporaire pour économiser du temps payé dans un objectif précis. Ainsi, le congé maternité et paternité peut par exemple être prolongé. Après leur congé maternité, les femmes ont aussi la possibilité de diminuer leur temps de travail sans réduction de salaire via le compte à long terme. De telles solutions sont décisives pour la réinsertion professionnelle rapide des mères actives. Hélas, la CCT Swisscom – contrairement à la CCT Poste – ne connaît aucun droit pour prolonger le congé maternité par un congé non payé. La CCT prévoit cette possibilité seulement si les conditions d’entreprise le permettent. En ce qui concerne le congé non payé, Swisscom prend toutefois à sa charge les cotisations LPP pendant trois mois.

L’introduction d’un congé d’adoption de dix jours est aussi à saluer. C’est une petite concession censée faciliter aux parents d’enfants adoptés leur entrée dans cette nouvelle forme familiale.

Horaires de travail flexibles en faveur des travailleurs

Pris en compte sur toute la durée de la vie professionnelle, le temps que les parents investissent dans la prise en charge intensive d’un enfant est très court. Malgré tout, les horaires de travail en Suisse incitent de nombreux parents – et naturellement beaucoup de mères – à abandonner leur activité ou à réduire massivement leur temps de travail lorsque leurs enfants sont en bas âge. Pourquoi ? Dans le domaine de la prise en charge extra-familiale, les offres sont toujours trop peu nombreuses. Et elles sont trop chères. D’autre part, notre pays connaît de longs horaires de travail supérieurs à la moyenne. Pour cette raison, il est à saluer que la CCT Swisscom maintienne la semaine de 40 heures. Un point important dans l’amélioration de la conciliation entre famille et profession est la possibilité donnée de gérer de manière relativement flexible ses propres horaires de travail. Swisscom prévoit des horaires de travail entre 6 h et 20 h, pendant lesquels les collaborateurs peuvent répartir plus ou moins librement leur travail. Les interventions de travail ne doivent cependant plus être inférieures à quatre heures. Cette réglementation est censée empêcher un morcellement insensé des services qui entraîne avec lui de nombreuses pauses non utilisables et prolonge inutilement la journée de travail. Pour l’organisation d’une famille, c’est un progrès important. Tous les collaborateurs de Swisscom ont en outre au moins cinq semaines de vacances, ce qui est notamment important pour les familles avec des enfants scolarisés.

Enfin l’égalité du temps
de travail partiel

Les employés à temps partiel ne doivent pas être retenus régulièrement sur une longue période pour effectuer du travail supplémentaire. Pour la première fois, ils sont en outre mis sur un pied d’égalité avec les employés engagés à plein temps en ce qui concerne la réglementation des heures supplémentaires. Dès la cinquième heure par semaine au-delà du temps de travail ordinaire, un supplément de 25 % – donc la majoration pour les heures supplémentaires – est versé. Cette réglementation pose un jalon dans l’égalité du temps de travail partiel et représente une étape de développement centrale dans la politique des CCT en Suisse. Il est à espérer que cette réglementation trouve son entrée dans d’autres CCT et dans la législation.

La plupart des familles où les deux parents sont actifs organisent au mieux leur quotidien où les imprévus sont fréquents : les enfants en bas âge tombent souvent malades et il faut jongler avec les horaires de l’école, trouver une place en garderie, etc. De nombreuses familles sont confrontées à des problèmes quasiment insolubles. En donnant la possibilité de rester à domicile jusqu’à deux jours par événement si un enfant tombe soudainement malade, la CCT Swisscom crée des facilités dans un domaine important. Le fait que les parents élevant seuls leurs enfants peuvent prendre jusqu’à cinq jours libres par année pour des affaires impossibles à différer peut aussi être caractérisé de progressiste.

La CCT Swisscom donne aussi la possibilité de travailler à domicile. Cette possibilité repose sur le volontariat et nécessite l’autorisation des supérieurs hiérarchiques. Il s’agit là d’une amélioration qui peut aussi contribuer à l’amélioration de la conciliation entre travail professionnel et tâches familiales.

La nouvelle CCT Swisscom peut donc aussi être caractérisée d’exemplaire en matière de conciliation. Il reste à espérer que cette convention ait une fonction modèle pour d’autres CCT, mais aussi pour la législation. Les améliorations résultent des revendications de syndicom, ce qui montre que les syndicats jouent un rôle décisif dans l’aménagement des modifications sociétales.

Les apprenant·e·s sont soumis à la CCT

A partir du 1er août 2013, tous les apprenant·e·s de Swisscom seront aussi soumis à la CCT. Ils profiteront ainsi des bonnes conditions de travail et de la plupart des améliorations (exception : salaire minimal). Tous les apprenant·e·s ont en outre droit à six semaines de vacances. De plus, Swisscom accorde une grande importance au prolongement de l’activité après l’apprentissage. (BHB)

Les améliorations générales les plus importantes de la CCT Swisscom en un coup d’œil

• Extension des droits syndicaux et davantage de codécision

• Amélioration de la protection contre le licenciement pour les syndicalistes actifs

• Deux jours de vacances supplémentaires pour les plus de 50 ans (dès 2015, aussi pour les plus de 45 ans)

• Droit au salaire à 100 % pendant 730 jours

• Allocations de 75 % pour travail irrégulier de nuit et du dimanche

• Droit à la retraite partielle dès la 58e année

• Devoir de réintégration des collaborateurs à capacité réduite

• Droit à une journée d’engagement écologique ou social