Baisser les salaires du personnel de guichet au niveau des bas salaires du commerce de détail ! Mais oui Grand Chef. Alors Toi, Tu acceptes le salaire d’un chef de rayon ? Attention chers cadres, à trop déborder du cadre, vos collaborateurs ne pourront bientôt plus vous encadrer.

J’ai connu un « administrateur » qui revendiquait, haut et fort, qu’un vrai patron doit être capable de remplacer n’importe lequel de ses employés. Preuve en était qu’au besoin, il assumait parfaitement. Guichet, conciergerie, distribution (il connaissait sur le bout du doigt chacune des tournées de ses sept facteurs). Combien de nos cadres d’aujourd’hui seraient-ils capables d’assumer une semaine complète de distribution ou de guichet ? Bien entendu avec les mêmes objectifs abracadabrants et les mêmes conditions de travail parfois ubuesques qui nous sont infligées. Nous sommes accablés de tracasseries. Pourtant le droit le plus élémentaire du travailleur est justement celui de pouvoir travailler sans stress inutile.

Il serait pervers et contre-productif pour l’entreprise que, juste pour l’épanouissement de l’ego de quelques décideurs, La Poste se transforme en une sorte de monocratie totalitaire autoproclamée. Dans les hautes sphères, les cadres ont le devoir de se souvenir que s’ils ont eux aussi un emploi, c’est bien grâce aux gens qui garantissent les métiers de base de La Poste que sont encore le guichet, le transport, le tri et la distribution.

Bien évidemment, tout change et tout évolue. Et c’est tant mieux. Par contre, ce qui doit absolument rester constant et immuable, c’est la qualité des personnes. Et cette qualité est essentielle, qu’il s’agisse de la moralité de la personne ou de ses aptitudes professionnelles. Les perpétuelles menaces de remerciement définitif en cas de non-atteinte des objectifs de vente, ainsi que salariales, sont-elles diffusées dans le seul but de démotiver les bonnes volontés ? Je pense qu’au contraire, une injection de logique et de bon sens serait, pour l’entreprise, l’assurance d’une bonne image de marque et de pérennité. Le rôle d’un dirigeant n’est-il pas de stimuler positivement son personnel ? Cela me semble être la base même d’une garantie de qualité et de prospérité. Qualité et prospérité, deux objectifs atteignables par la reconnaissance du travail, le respect de la personne, l’immunité des acquis sociaux et la valorisation des salaires.

Alors Grand Chef, bonne nouvelle. A La Poste il y a encore des gens qui aiment encore leur travail. J’en fais partie et j’en connais beaucoup. A Toi de voir…

Nicole Martin-Hossli, Thierrens