Le 7 mars, syndicom – tout comme les 1050 collaborateurs des deux libraires et la branche du livre – a été étonné d’apprendre la « joint venture » (sorte de co­entreprise) entre OF et Thalia. Si la Commission de la concurrence (COMCO) approuve la fusion (elle devrait se prononcer d’ici cinq mois au plus tard), des changements massifs s’opéreront sur le marché du livre suisse, et donc aussi pour les libraires. syndicom s’engagera pour qu’aussi peu de postes que possible passent à la trappe.

La raison du rapprochement entre les deux librairies est compréhensible. Néanmoins, en termes de politique du personnel, les deux cultures d’entreprise sont très différentes. Orell Füssli est membre depuis des décennies de l’Association suisse des libraires et éditeurs (SBVV) et entretient un partenariat social actif, alors que Thalia n’est pas affilié à l’association et ne veut rien savoir du partenariat social. La raison réside dans la convention collective de travail. Depuis des années, Thalia refuse de respecter le niveau salarial que la CCT prescrit.

Au niveau de la participation également, il y a de très grandes différences entre les deux entreprises. Alors que chez Orell Füssli, la commission du personnel fait partie intégrante de la politique du personnel, Thalia considère les commissions du personnel comme «un mal nécessaire». Avec ces dernières, syndicom s’engagera pour que la nouvelle entreprise entretienne un partenariat social actif et pour que la convention collective de travail forme la base des conditions de travail. Toutefois, le choix des employeurs sur le marché se rétrécit comme peau de chagrin. Quiconque veut travailler dans une grande librairie alémanique sera désormais réduit à l’alternative Lüthy / Stocker ou Thalia / OF.

La réunion des librairies entraînera une suppression de postes de travail – la presse avance le chiffre de 40 à 50 – qui est due à des synergies dans le domaine online. syndicom suivra cette affaire et s’engagera pour le maintien des emplois et pour des conditions de départ convenables. (syndicom)

Orell Füssli gère 14 librairies en Suisse alémanique. En 2011, leur chiffre d’affaires a atteint 114 millions de francs.

L’allemand Thalia, qui dispose pour sa part de 22 succursales en Suisse dont certaines, telle la libraire Stauffacher à Berne, sont bien connues, a affiché l’an dernier un chiffre d’affaires de 131 millions de francs.

Thalia compte 650 employés en Suisse, alors que les effectifs d’Orell Füssli dans la librairie s’élèvent à 400 personnes.

Le troisième acteur principal du marché du livre en Suisse alémanique est la filiale de Migros Ex Libris, avec un chiffre d’affaires de 154 millions de francs, dont une grand part provient cependant des CD, DVD et jeux vidéo. (YS avec ATS)