Qui trompe qui ?
Selon les partisans de la libéralisation, seuls 23 shops de stations-service pourraient en profiter et proposer à l’avenir un assortiment complet 24 heures sur 24 pendant sept jours. La loi sur le travail devrait être révisée à cette fin, ce qui aurait pour conséquence de rendre possible la journée de travail de 24 heures dans le commerce de détail. C’est pourquoi les syndicats et l’Alliance pour le dimanche ont lancé le référendum « NON à la journée de travail de 24 heures ». Selon le PLR suisse, c’est un référendum « trompeur » qui veut maintenir des « restrictions de vente absurdes ».
Les politiciens bourgeois et les associations économiques néolibérales telles que la Communauté d’intérêt du commerce de détail suisse cherchent à minimiser l’objet de la votation sur les stations-service. Mais en réalité, ils poursuivent leur projet de shopping 24 heures sur 24 depuis une quinzaine d’années, déposant des initiatives aussi bien au niveau cantonal qu’au niveau national. A Berne, cinq tentatives de libéralisation sont actuellement en attente de traitement au Parlement. Et à l’heure actuelle, elles obtiennent même du soutien. En décembre, la fraction des Vert’libéraux a déposé une motion qui exige que tous les commerces d’une superficie de vente inférieure à 120 mètres carrés aient l’autorisation de rester ouverts non-stop. Au motif d’une « concurrence équitable » : si les shops des stations-service étaient autorisés à ouvrir, il serait injuste que les autres petits magasins doivent quant à eux fermer à 19 h.
Comme les syndicats l’ont toujours souligné, la dérégulation de segments du commerce de détail a un effet domino. Avec la motion des Vert’libéraux, notre argumentation se voit confirmée. Plusieurs conseillers nationaux PLR regrettent que la motion soit thématisée en pleine récolte des signatures. Pour Anders Ruedi Noser, conseiller national PLR, « il a toujours été clair que la discussion politique ne s’arrête pas aux shops des stations-service ». Et c’est pour cette raison que nous avons saisi le référendum. Non parce que nous défendons des « restrictions de vente absurdes », mais parce que nous nous opposons au démantèlement de la protection des travailleurs et à la journée de travail de 24 heures sur 24.
Danièle Lenzin, coprésidente de syndicom